Les charpentiers histoire
Préhistoire - antiquité
Préhistoire
Reconstruction habitation néolithique à Hauterive en Suisse
Le Charpentier est le plus ancien des ouvriers du bâtiment. Si l'on remonte aux premières cabanes, c’est avec une hache de pierre attachée avec des lanières de cuir à un manche de bois ou de corne que les artisans des temps préhistoriques coupaient et débitaient les bois, lorsque les habitants de la préhistoire eurent abandonné les grottes et les souterrains qui leur servaient d’asiles1. Les outils évoluèrent et le charpentier préhistorique a laissé de nombreuses traces de ses constructions, en particulier les habitations lacustres, les sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes par exemple.
Reconstruction habitation néolithique à Hauterive en Suisse
By Gab01 (Propre travail) [<font><font>CC BY-SA 3.0</font></font>], via Wikimedia Commons
Antiquité
La bible cite un charpentier mythique de l'antiquité dans la personne de Noé. Beaucoup plus tard, on lit, toujours selon la bible, que Joseph, père de Jésus de Nazareth, était charpentier.
Les Égyptiens, par manque de bois, ont peu développé le côté charpentier dans l'art de la construction, mais il n'était pas absent dans la construction de bateaux et la manipulation des blocs de pierre. Les Égyptiens possédaient un outillage assez complet, parmi lequel on remarque la scie à main, la scie montée dans un châssis de bois, le maillet, une coignée de forme bizarre, le ciseau emmanché. Ces outils sont reproduits sur des bas-reliefs qui ont six mille années d’existence sur lesquels on voit le charpentier égyptien tailler les bois, en fabriquer des navires, des meubles, des coffres.
Scène de construction d'un bateau égyptien (664-634) sur du calcaire peint (musée de Brooklyn)
Voici ce que dit Vitruve à propos des premières habitations en Europe :
L’ordre qu’ils suivirent au commencement fut de planter des fourches, y entrelaçant des branches d’arbres et les remplissant et enduisant de terre grasse desséchée, sur lesquels posant des pièces de bois en travers, ils couvrirent le tout de cannes et de feuilles pour se défendre du soleil et de la pluie. Mais parce que ces couvertures ne suffisaient pas contre le mauvais temps de l'hiver, ils élevèrent des combles en penchant, les enduisant de terre grasse pour faire écouler les eaux. (...) c’était ainsi que dans la Gaule, en Espagne, en Portugal et en Aquitaine, les maisons étaient construites et couvertes de chaume ou de bardeau fait de chêne fendu en manière de tuiles2.
Les premières maisons grecques étaient, ainsi que leurs temples et les autres édifices, construits en bois. Les poteaux furent les précurseurs des colonnes et le comble fit imaginer le fronton. Les combles grecs étaient semblables à ceux que les charpentiers établissent dans les temps modernes, fermes composées d’arbalétriers avec poinçons et contrefiches, pannes, entraits, chevrons; toutes ces pièces étaient de même forme et placées comme on le fait traditionnellement au xxe siècle1.
Les Romains qui, du reste, procédèrent des Grecs, suivirent leurs traditions. Mais ils inventèrent les voûtes d’arête, hémisphériques et en cul de four, construites en bois ou en mortier et débris de pierre sur des cintres fabriqués par leurs charpentiers. Les traces de ces cintrages sont encore visibles dans plusieurs ruines romaines1.
Vitruve indique les différentes essences de bois dont les Romains se servaient pour bâtir : chêne, orme, frêne, hêtre, peuplier, cyprès et sapin. Détaillant leurs propriétés particulières, il fait l’éloge de celles du chêne et du sapin2. Les ouvriers grecs et romains perfectionnèrent les outils : ils inventèrent le compas. Leurs charpentiers se servaient du rabot, des vrilles et tarières, de la gouge, de l’herminette, du cordeau. La chèvre, les moufles et la grue étaient, chez eux, en usage1.
Le rôle du charpentier romain était considérable. Pline l’ancien cite deux exemples de son habileté et de la hardiesse de ses constructions : Du temps de César, les charpentiers élevèrent deux immenses théâtres en bois. De jour, ces deux théâtres étaient adossés et l'on y jouait, en même temps, dans chacun d’eux. Le soir, ils tournaient sur un pivot et formaient alors un amphithéâtre où venaient combattre, des gladiateurs. Second exemple, un théâtre en charpente, construit aussi à Rome, qui pouvait recevoir quatre-vingt mille spectateurs. Dans les premiers temps, les constructions romaines furent couvertes en bardeaux, des planches d’environ 0,32 m de long, que l’on employait en guise de tuiles, qu'on appelait scandula ou scindula. L’usage de ces bardeaux fut général à Rome jusqu'au temps de la guerre de Pyrrhus (280 avant J.-C.). L’artisan qui couvrait les maisons par ce procédé était le scandularius, appartenant par son métier, à la corporation ou collège des ouvriers travaillant le bois (collegiati corporati).
Le charpentier romain était un auxiliaire précieux pour les armées. Il fabriquait des machines de guerre extrêmement puissantes, capables de grands efforts en balistique. Elles lançaient des flèches et des javelots, et des pierres de grosse dimension. D'autres engins étaient disposés pour enfoncer les retranchements et les portes des cités. Des tours mobiles à plusieurs étages déposaient les soldats sur les murailles des villes assiégées ; des grues tournantes (corvus) enlevaient leurs défenseurs à l’aide des pinces ou des grappins qui terminaient ces formidables machines. Des tortues (engins militaires) servaient à abriter les soldats qui comblaient les fossés. Enfin, les retranchements, les abris d’attaque ou de défense, les ponts volants et les travaux de fortification passagère en bois étaient aussi l’œuvre des charpentiers militaires romains1 . Les assemblages de la charpente romaine étaient ceux utilisés par les charpentiers traditionnels : les tenons et mortaises sont cités par Vitruve ; il en est de même pour l’assemblage à queue d’aronde, tenon en forme de hache désigné sous le nom de cardo securiculatus.
La plupart des temples de l'antiquité avaient une toiture en bois qui avec le temps a été détruite.
En gaule, les villes gallo-romaines ressemblaient à celles de l’Italie ; elles avaient des édifices publics de même nature : arcs de triomphe, réserves alimentaires ou greniers, thermes, amphithéâtres. Les maisons étaient généralement séparées les unes des autres par des ruelles. Tous ces bâtiments avaient l’aspect romain, la maçonnerie, et la charpente ne s’éloignaient de la tradition romaine que par la différence des matériaux. En revanche, dans les campagnes, les demeures des paysans gaulois étaient bien humbles : des huttes rondes d’argile surmontées d’une charpente primitive, couverte de roseaux et de chaume, des cabanes de planches assujetties sans art1.
Sous les Francs, il y avait des esclaves pratiquant les arts mécaniques, et qui ne pouvaient être vendus. Que l’on dérobe un esclave franc, qu’on le tue, qu’on le vende ou qu’on l'affranchisse, on payait également une indemnité de 1 400 deniers ou de trente-cinq sous3. Les dommages et intérêts s’élèvaient au double, lorsque l'esclave était forgeron, meunier, charpentier, etc. (ces sous sont des sous d'or).
Les forêts gauloises occupaient la plus grande partie du territoire; elles alimentèrent non seulement le pays, mais encore jusqu'à l’Italie. Elles permirent aux Romains d’exécuter rapidement leurs grands travaux où d’énormes quantités de bois étaient nécessaires. Paris, en ce temps-là était surtout la Cité : elle renfermait le Palais, ainsi que la Cathédrale, dénommée d’abord Saint-Étienne, et d'autres édifice. Entre ces monuments, qui étaient - sauf les principaux -, des bâtiments construits en charpente, se trouvaient des maisons et cases de bois, occupant les terrains coupés de rues et de ruelles, entourés de remparts dont les portes, tours ou citadelles, étaient autant d’ouvrages de charpenterie grossière. La charpente jouait un très grand rôle dans la construction de ces édifices, parfois détruits par des incendies. Depuis le temps où l’empereur Julien aimait à résider à Paris, la Cité était desservie par deux ponts de bois qui portèrent les noms de Petit et de Grand Pont. Les têtes de ponts qui défendaient ces ouvrages étaient encore des fortifications en charpentes reposant sur des massifs de maçonnerie ►
Date de dernière mise à jour : 22/01/2017
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